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En librairie

Transformation de conflit, de Karine Gatelier, Claske Dijkema et Herrick Mouafo

Aux Éditions Charles Léopold Mayer (ECLM)

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Fiche de notion

, France, mai 2017

Démocratie conflictuelle

C’est en mobilisant à la fois les apports de Machiavel et ceux de Tocqueville, qu’Aron développe sa conception conflictuelle et délibérative de la démocratie, que Serge Audier analyse dans son ouvrage intitulé La démocratie conflictuelle par Raymond Aron1.

Les sociétés modernes sont vouées à la division et aux conflits (Machiavel) ; les individus désormais émancipés aspireront à améliorer leur situation et à défendre leurs intérêts propres (Tocqueville). Or c’est par le conflit et non pas uniquement par le dialogue qu’un changement de situation peut s’opérer.

Aron accorde donc une importance centrale aux conflits opposant des groupes sociaux aux intérêts divergents. Et d’après lui, la démocratie doit permettre l’expression de ces conflits tout en les canalisant pour éviter de tomber dans la violence et l’anarchie. En ce sens, une place essentielle est accordée dans les régimes démocratiques, aux « règles du jeu » : ces règles sont là justement pour éviter l’arbitraire et organiser la concurrence entre les groupes porteurs d’intérêts divergents, « de manière telle que l’ambition humaine soit utile à la communauté ».

Cette renonciation à la violence propre au régime démocratique est la marque d’une « confiance dans la discussion » et donc dans la possibilité de transformations progressives.

Égalité de droit / inégalité de fait

Il existe une contradiction fondamentale des sociétés industrielles (point de départ de la méditation de Marx) : d’un côté l’égalité de droit dont elles ne cessent de se réclamer et de l’autre, l’inégalité de fait qui découle de leur fonctionnement effectif. C’est pourquoi les sociétés modernes sont le lieu de conflits permanents entre groupes en grande partie hétérogènes.

Selon Aron cette contradiction « indépassable comme telle (…) peut trouver une issue dans une démocratisation profonde de la sphère politique ainsi que des autres institutions sociales ». L’objectif étant de ne pas laisser aux « spécialistes » le monopole des discussions et des décisions fondamentales. Les citoyens doivent participer le plus possible au débat public portant sur des thèmes d’intérêt général, « y compris sur la finalité ultime du vive-ensemble ». p114

Pas de dialogue véritable sans relation conflictuelle pacifique

Pour qu’un véritable dialogue puisse avoir lieu sans être réduit à un simple rapport de force, il est parfois nécessaire d’entrer dans une relation conflictuelle pacifique : « Une forme de relation conflictuelle pacifique est souvent nécessaire, ne serait-ce que comme menace permanente, pour qu’un dialogue véritable puisse avoir lieu entre des individus ou groupes antagonistes, surtout s’ils se trouvent en position asymétrique ». Les deux parties doivent se reconnaître comme des interlocuteurs à part entière :« Afin qu’une authentique discussion puisse advenir, il faut que les sujets qui se trouvent en situation d’infériorité soient en mesure de lutter pour se faire reconnaître comme interlocuteurs ». p116

Notes

1La démocratie conflictuelle par Raymond Aron, Serge Audier, coll. Le bien commun, ed. Michalon, Paris, 2004.