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, Paris, 2005

Transition politique à Cuba : quelques précisions théoriques

« Jamais nous ne pourrons devenir des dictateurs. Moi je suis un homme qui sait quand il faut s’en aller." Fidel Castro, 8 janvier 1959, 1er discours après son entrée triomphale à la Havanne.

Définition du Castrisme

Plus de quinze ans après la chute du mur de Berlin, Cuba veut encore faire croire que son avenir est socialiste. Privé du soutien de l’Union soviétique qui lui permettait de financer une révolution sous embargo américain, ses jours semblaient comptés. Son régime jouit pourtant d’une survie qui relève du miracle. Pour tenter de comprendre comment Cuba est devenu l’une des plus anciennes dictatures encore « opérationnelles », il nous faut définir ce qu’est le castrisme.

Pour reprendre les termes exacts de Corinne Cumerlato et de Denis Rousseau dans L’île du Docteur Castro ou la transition confisquée, nous dirons que « le castrisme est avant tout un système de pouvoir qui repose sur une machinerie sociale et politique complexe au service d’un but unique imposant un pragmatisme sans faille : le maintien au pouvoir d’un homme et d’une caste bureaucratique et militaire qui a lié son destin à celui du leader » (1).

Avant de devenir un système, le castrisme s’est construit autour du pouvoir d’un seul homme, qui a su déployer autour de lui et de ses compagnons, du Che Guevara en particulier, une image et une mythologie particulières. Ce sont ces représentations qui, selon Jacobo Machover dans Cuba totalitarisme tropical, lui ont permis de survivre bien au-delà de la mort du communisme international et d’engranger de nouvelles adhésions, au-delà des clivages hérités de la guerre froide (2).

Tant à l’extérieur qu’à l’intérieur du pays, Castro apparaît comme une statue indéboulonnable. Et aussi étrange que cela puisse paraître, les Cubains eux-mêmes peinent à imaginer ce que pourrait être la vie sans lui, comme s’il s’agissait d’un père tout-puissant et immortel. Mais comment ne pas penser de la sorte face à un dirigeant qui a échappé à pas moins de 637 attentats, selon le décompte officiel de la sécurité d’Etat cubaine ? ! Les stratagèmes n’ont pas manqué : la CIA a tenté de l’empoisonner avec un cigare, de soudoyer ses gardes du corps, ses cuisiniers, et même de le ridiculiser à l’aide d’une drogue censée lui faire tomber cheveux et barbe… Mais les faits sont là : contre toute attente, contre toute vraisemblance, Fidel Castro est encore au pouvoir !

Notes :

(1) : Corinne Cumerlato et Denis Rousseau, L’île du Docteur Castro ou la transition confisquée, Paris, Ed. Stock, 2000, p.9.

(2) : Jacobo Machover, Cuba, totalitarisme tropical, Paris, Ed. Buchet/Chastel, 2004, p.10.