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Transformation de conflit, de Karine Gatelier, Claske Dijkema et Herrick Mouafo

Aux Éditions Charles Léopold Mayer (ECLM)

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Fiche de notion Dossier : Résistances civiles de masse

Jean Marichez, Grenoble, mars 2006

Intervention civile - Soutien aux résistances civiles - Intervention par actions civiles

L’intervention hors de nos frontières peut s’exercer sous trois formes distinctes qui sont plus ou moins nouvelles et d’une grande utilité pour la paix :

L’intervention civile :

Il s’agit d’une intervention active sur le théâtre de conflits extérieurs. Elle correspond à peu près au rôle que les armées européennes ont tenu durant la guerre de Bosnie et en Macédoine, mais cette fois le rôle est tenu par des civils sans armes, formés pour des missions d’observation, de prévention de la violence, d’interposition entre combattants, de protection de personnes menacées, de médiation, de dialogue, de contrôle des accords ou des conventions internationales. Les intervenants se présentent auprès de la population « à mains nues » pour aider et protéger. Ils courent des risques mais portent haut et fort leur neutralité et leur non-violence. Ils travaillent toujours en groupe, et avec l’appui théorique des belligérants. Avec quelques différences dans leur mission, ce type d’intervention est pratiqué par les « Peace Brigades International » (voir dossier Irénées) et par les « Non violent Peace Force ». Le Man travaille à leur développement.

Le soutien aux résistance civiles :

Il est étonnant de voir des peuples se battre sans armes (ex. Kosovo durant dix ans) et ne recevoir aucun soutien de leurs voisins ni d’autres pays étrangers alors que leur résistance est porteuse d’une solution du conflit. Cette forme d’action que nous appelons « Soutien aux résistances civiles » comble ce besoin. Elle peut être le supplément qui manque à une résistance pour réussir.

Il ne s’agit plus ici de l’action des civils mais de l’appui des gouvernements étrangers et de tous les moyens des Etats à une résistance civile existante. La contrainte peut être suffisante, notamment si elle vient de plusieurs Etats associés dans la même action et si elle s’organise autour d’une stratégie bien finalisée. Les formes sont nombreuses : déclaration de soutien, aide financière, aide à la communication internationale des résistants, prix Nobel ou autres, action diplomatique, action militaire ponctuelle, envoi et soutien d’ONG, boycott, etc.

Cette forme de soutien est souvent négligée. Est-ce parce que le concept de résistance civile n’est que peu, voire pas, identifié, ou parce que personne n’imagine sérieusement que la détermination d’une population bien dirigée puisse gagner contre les armes et la violence, ou parce que seule la violence se vend bien dans les médias ?

Elle a été pratiquée récemment avec bonheur dans les résistances des Ukrainiens, des Géorgiens, de Kirghizes…

L’intervention par actions civiles :

Lorsque le soutien aux résistances civiles exercé par les Etats ne suffit pas pour contraindre l’agresseur, on peut imaginer que des groupements d’Etats (Union Européennne, OTAN, ONU, etc.) demandent à leur population de participer à leur pression par des actions individuelles définies à l’avance. Cela suppose quelques études et une planification coordonnée. Les civils ont besoin de consignes précises. Ils sont si nombreux que, selon le cas, l’action peut devenir très importante. Le rapport de force cumulé de millions de petites actions individuelles peut alors gêner ou même réduire l’agresseur. Ces actions renforcent la détermination du peuple oppressé et encourage sa résistance. Cette forme nouvelle d’intervention est décrite dans la fiche de défi 1 de ce dossier.