Fiche d’expérience Dossier : Bâtir un réseau de citoyens soutenant des initiatives locales de construction de paix.

, Bruxelles, mars 2005

Kosovo, Serbes et Albanais sont questionnés à propos de leur perception des actions menées en faveur de la multi-ethnicité

Après un temps de formation et de test, des jeunes réalisent ensemble une enquête auprès des habitants de deux régions du Kosovo.

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Depuis 1999, de nombreuses ONG ont mené des projets multiethniques au Kosovo, en vue de rétablir le dialogue entre les différentes communautés. Plusieurs années après la guerre, il était utile d’en faire une évaluation.

C’est ce qu’ont fait des jeunes Serbes et Albanais de Mitrovica et de Gjilan sous l’impulsion de l’ONG « Equipes de paix dans les Balkans » (EPB) et de l’Agence pour la démocratie locale (ADL) de Gjilan. Un document expliquant le projet d’enquête a été soumis aux différents partenaires concernés : Congrès des Pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l’Europe, les responsables Jeunesse des municipalités de Gjilan et de Mitrovica, l’Organisation de la Sécurité et de la Coopération en Europe….

Les jeunes Serbes et Albanais ont commencé par un stage de formation. C’était l’occasion de les fédérer à la démarche et de leur apporter une méthodologie. En présence d’une sociologue travaillant à l’OSCE, les jeunes ont découvert une technique d’enquête en même temps qu’un mode de recueil de l’information visant l’objectivité pour mesurer une opinion. Dans la situation précise du Kosovo, une vigilance particulière s’impose pour éviter d’être considéré comme partial. Les participants ont d’abord expérimenté des sujet–test relatif à la liberté de circulation, la liberté d’expression…Il s’agissait d’élaborer un questionnaire, d’interviewer un membre du groupe et d’avoir un retour par ceux qui observaient. Ils ont ensuite abordé plus en profondeur la première version du questionnaire d’enquête élaboré par l’EPB. Cela fut l’objet d’un débat très intense et fructueux où le modérateur invita les participants à respecter la parole de chacun. Questions de compréhension, questions acceptables ou non par les populations ou risquant de mettre mal à l’aise les enquêteurs… ces différents points furent examinés et notamment les questions relatives au sentiment des Serbes envers les Albanais et réciproquement, trop directes d’après eux.

Déroulement de l’enquête

La région de Gjilan et la ville de Mitrovica ont été choisies par ce qu’elles représentent des situations très différentes : la première a une réputation multi-ethnique tandis qu’à Mitrovica les communautés serbes et albanaises vivent séparées. Sous la conduite du responsable de l’ADL et d’un membre des Equipes de paix dans les Balkans, l’enquête a été testée sur une journée dans chacune des deux villes. A l’issue de ces journées test, des entretiens individuels ont permis de mieux cerner la motivation et l’aptitude des enquêteurs.

L’enquête définitive porta sur un échantillon d’environ 1200 personnes représentatives des différentes communautés des deux villes. Les jeunes de Mitrovica menèrent l’enquête à Gjilan, accompagnés par les jeunes de Gjilan et inversement, les jeunes de Mitrovica servirent de guides aux enquêteurs de Gjilan qui présentèrent le questionnaire à Mitrovica. La délocalisation des enquêteurs était nécessaire pour garantir une meilleure objectivité de l’enquête et assurer l’anonymat des enquêteurs autant que des personnes interrogées dans leur propre région. Les jeunes enquêteurs ont été mieux accueillis qu’ils ne l’imaginaient, peu de personnes ayant refusé d’être interviewées. Ils ont été très touchés par l’accueil des habitants des villages et par des personnes âgées et ont été surpris par les réponses aux questionnaires aux quelles ils ne s’attendaient pas.

Les résultats de l’enquête ont été officiellement remis aux collectivités locales et l’ensemble du processus à fait l’objet d’un reportage filmé.

Commentaire

L’originalité de cette recherche-action tient à plusieurs facteurs : elle est déjà une expérience de vie commune entre jeunes Albanais et Serbes. Elle a permis d’aborder entre eux et avec un échantillon important de la population les questions délicates de vie commune. A travers les échanges et les débats, les participants ont pu s’interroger sur l’idée d’accorder une plus grande coopération entre communautés avec le partage d’intérêts convergents.

Notes