Fiche d’expérience Dossier : Bâtir un réseau de citoyens soutenant des initiatives locales de construction de paix.

, Bruxelles, février 2005

Sénégal, la paix en Casamance, l’affaire de tous

Après de 22 ans de conflit en Casamance, la guerre est enfin perçu comme une impasse militaire, politique, économique. Une ONG sénégalaise active dans le domaine de la protection des droits de l’homme a choisi d’interpeller les responsables politiques pour les engager à négocier.

Mots clefs : | | | | |

Organisé par la Rencontre Africaine pour la Défense des Droits de l’homme (RADDHO), en septembre 2004, le Forum sur la Paix, la Vérité et la Réconciliation nationale a réuni plus de trois cent participants dont les principales sensibilités politiques du Mouvement des Forces Démocratiques de Casamance, les élus locaux, des représentants des Nations Unies, des ONG, des associations communautaires de base, des victimes du conflit… tout en regrettant l’absence de l’Etat.

De nombreuses questions ont été abordées avec franchise pour examiner les responsabilités de chacun : les questions institutionnelles (indépendance ou régionalisation…), le désarmement des combattants, le déminage, les tensions politiques au sein du MFDC, l’indécision et les manœuvres de l’Etat, les mesures de réparation à l’attention des victimes de mines, le désenclavement de la Casamance, l’implication des pays voisins (Gambie, Guinée Bissau), de même que celle des pays occidentaux, anciennes puissances coloniales (France, Grande Bretagne, Portugal)…

Conscient de la fragilité de l’accalmie militaire, insistant sur les aspirations de la populations à la paix et profitant de la volonté de faire taire les armes après 22 ans d’un conflit éprouvant, le Forum a abouti à des recommandations précises à l’attention des différents acteurs du conflit :

Il demande à l’Etat d’Engager rapidement des négociations de paix avec le MFDC, d’assurer le désenclavement de la Casamance, de proposer un statut juridique adapté, de reconstruire les villages qui ont été abandonnés en respectant les souhaits des populations locales, de déminer les zones minées, de réinsérer les combattants, d’assister les victimes du conflit … Il appelle le MFDC à instaurer un dialogue interne pour mettre fin aux tensions en son sein. Il attend des ONG une implication dans l’aide aux victimes et dans le soutien aux négociations. Il réclame l’engagement des parties garantes, notamment la Gambie et la Guinée - Bissau et les anciennes puissances coloniales telles que la Grande Bretagne, le Portugal, et la France, il exige des Casamançais une implication non sectaire dans le processus de résolution du conflit.

Pour donner plus de force à ces résolutions, il s’est déroulé après le Forum une cérémonie symbolique d’incinération des armes, en présence de personnalités et de représentants des ONG de la région et accompagné de messages symboliques condamnant la guerre remis aux adultes par les jeunes

Commentaire

Plusieurs facteurs se conjuguent pour favoriser une solution négociée en Casamance : l’usure de la guerre, une structuration forte et reconnue de RADDHO, des personnalités déterminées à construire la paix, une implication des diplomaties de pays historiquement ou géographiquement concernés… L’intérêt de la démarche réside ici dans la volonté d’analyser les différentes responsabilités et d’interpeller chacun dans ce qu’il devrait faire pour sortir de la crise.

Notes