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, Paris, April 2005

Le pardon humain.

L’objectif de ce document est de mettre à la disposition du lecteur non spécialiste de sciences humaines et sociales un ensemble de faits relatifs à un phénomène humain jusqu’ici peu étudié : le pardon.

Keywords: |

Ref.: Éditions Charles Léopold Mayer et Documents de travail de la FPH (Fondation pour le Progrès de l’homme), 2002.

Languages: French

Document type:  Book

  • Définition du pardon

Définissant le pardon comme "le fait de vaincre son ressentiment envers un offenseur en ne niant pas notre droit à ce ressentiment" les auteurs ont noté que cette action est une réalité émotionnelle (un changement radical intervenu sur le plan émotif), interindividuelle (concernant seulement deux personnes à la fois), pro-sociale (dont l’un des objectifs est la sauvegarde et la consolidation de l’harmonie dans les groupes de personnes) et fondamentalement morale (car c’est bien le respect de soi et des autres qui motivent à pardonner). C’est pourquoi, afin de mieux comprendre cette "pratique humaine" qu’est le pardon, il s’avère nécessaire de trouver des circonstances qui la facilitent, car l’expérience quotidienne nous informe que le pardon se rencontre plus aisément dans certaines circonstances que dans d’autres.

Selon les auteurs, les deux questions fondamentales qu’il faut se poser sont les suivantes : Quel est le niveau moyen de volonté de pardon ? Quels sont les facteurs influant sur la volonté de pardon ?

La recherche de forces agissant dans le phénomène du pardon a inspiré une enquête sur ses facteurs et ses circonstances :

  • L’âge

la première force trouvée est l’âge, qui a une incidence non déterminante car la volonté de pardon est liée à l’âge de manière non linéaire ;

  • La culture

la deuxième est la culture, qui facilite une propension majeure ou mineure à la réconciliation ;

  • La religion

la dernière est la confession religieuse car au moins trois grandes religions ont fait du pardon un concept central: judaïsme christianisme et islam.

  • Ces analyses ont fait ressortir une structure à quatre grandes dimensions :

    • la première dimension a été interprétée comme la permanence du ressentiment ;

    • la seconde comme l’opposition entre volonté de pardon et volonté de vengeance ;

    • la troisième comme la sensibilité aux circonstances de l’offense et à l’attitude de l’offenseur ;

    • la quatrième comme la sensibilité aux circonstances personnelles et sociales.

Il s’avère donc, selon les auteurs, que le passage d’une multiplicité de déterminants à la singularité d’un jugement ou d’une décision s’opère, dans la vie quotidienne, à travers la mise en œuvre de schémas mentaux (un schéma est une structure mentale qui permet dans une situation déterminée de la vie quotidienne de connaître les informations nécessaires pour porter un jugement, de tirer de ces informations les éléments nécessaires au jugement et d’intégrer ces éléments). C’est pourquoi, afin d’intégrer ces divers facteurs, il est possible de tracer les contours du schéma du pardon au moyen d’une dynamique configurale (où l’impact d’un élément d’information sur le jugement global dépend des autres éléments d’information avec lesquels il est combiné) ou additive (où chaque élément d’information a une valeur fixe).

Les résultats de l’enquête permettent aux auteurs de témoigner que l’attitude des participants, par rapport au pardon, est positive, indépendamment de l’âge, de la culture et de la confession ; cependant la pratique personnelle du pardon reste toujours influencée par le ressentiment (durable ou non), par son rapport à la vengeance, aux circonstances liées à l’offense et aux situations personnelles et sociales.

Commentary

Il faut noter que, effectivement, nous utilisons le mot "pardon" très souvent et trop souvent sans avoir le besoin de clarifier son "statut conceptuel" ; certes cela démontre que la pratique du pardon est profondément enracinée dans notre esprit car elle est un phénomène aussi naturel que culturel. Cependant la réalité du pardon échappe à toutes définitions rigoureuses et impose un modèle de traitement dynamique. Il est donc intéressant de remarquer que ce texte, en élaborant un schéma du pardon, a voulu proposer un remède, au moins partiel, à ce manque et a révélé la multiplicité des variantes influençant notre jugement.