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, France; Mali, avril 2014

Système Politique au Mali à l’Epreuve d’un Etat Fonctionnel

La question de l’Etat est, depuis plus d’un demi-siècle, un problème pour les pays africains. Au-delà de toutes considérations idéologiques, cette inextricable difficulté pose par sa persistance un véritable défi, celui de repenser l’Etat.

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Réf. : Yaya Gologo, Système Politique au Mali à l’Epreuve d’un Etat Fonctionnel, Edilivre, 22 avril 2014, 370p.

Langues : français

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Notre postulat de base est que chaque société politique doit être analysée comme une construction originelle façonnée par des facteurs à la fois internes (propres à la société elle même) et externes (influences extérieures). Cette spécificité écartant d’emblée toute analyse se voulant soit universelle soit enfermée dans les particularismes.

A cet égard, on pourrait partager la présente observation :

« L’actualité de l’Etat en Afrique nous invite donc à quitter définitivement nos référents structuralistes ou positivistes pour aborder son mystère de façon dynamique et prospective… C’est donc à la construction d’un nouveau paradigme qu’il faut nous atteler pour échapper au Léviathan et traduire cet incontestable «  besoin d’Etat » dans une logique « fonctionnelle » tenant compte de la complexité tes phénomènes et où on trouvera la légitimité, l’efficacité et la sécurité. » 1

Dans cette perspective, nous nous inscrivons dans une démarche, à la fois, de démystification, d’appropriation et d’opérationnalisation du phénomène étatique à travers une vision fonctionnaliste utilisant le Mali comme champ d’application. Cette approche permet de sortir du verrouillage doctrinal qui caractérise la réflexion sur l’Etat en général.

Dans le cadre de notre hypothèse d’Etat fonctionnel, on se propose d’aller au-delà des référentiels conventionnels. Il s’agit de « récuser l’idée d’un référentiel historique unique », pour reprendre à notre compte l’expression de DIAGNE dans l’objectif de retrouver dans la fonctionnalité, la complémentarité, les accommodements, bref un métissage fonctionnel.

Comme précédemment analysé, depuis les premières années de son indépendance, l’Etat malien a été en proie aux crises de déstabilisation, coups d’Etat, rébellions à son septentrion… En effet, ces derniers temps, l’enchevêtrement étrange de ces phénomènes a été accentué par des implications criminelles, trafics de tout genre, géopolitiques, guerre en Libye, influences des mouvements néo djihadistes.

Depuis janvier 2012, l’on assiste à une implosion de l’Etat due, d’une part, au coup d’Etat militaire, à la situation d’insécurité généralisée sur toute l’étendue du territoire ; et d’autre part, à la partition engendrée par des interventions diverses des rebelles indépendantistes du MNLA, d’autres organisations narco-terroristes AQMI, MUJAO, ANSAR DINE, soutenues par BOKO HARAM et d’autres groupes armés.

Ces différentes interférences confortent davantage notre position selon laquelle parler de l’Etat au Mali sans précaution revient à standardiser son essence, sa manifestation, sa déclinaison et ses réalités au travers de son évolution historique. D’où la nécessité de la mise en perspective d’une historiographie qui offrira à l’observateur un visage qui va transcender une analyse banale. Ce constat est patent, tant l’épaisseur politique de l’Afrique en général et du Mali en particulier exige un retour sur les processus socio-historiques qui l’ont conduit à connaître des modes d’organisation politique.

Comme le souligne Daniel BOURMAUD 2 la science politique africaniste s’est forgée dans le constat que le détour anthropologique et historique s’imposait pour qui voulait saisir la réalité politique contemporaine.

Si la crise existentielle de l’Etat au Mali en 2012 3 peut s’expliquer par le processus d’interaction conflictuel entre le passé et le présent, son analyse fait précipiter l’image d’un chaos sans fin, si l’on ne prend pas garde.

Dans cette perspective, les entremêlements des réalités socio-culturelles, les implications diverses, les influences issues de la circulation des modèles fondent notre option pour une analyse systémique. Dans cette perspective, il est loisible de parler sans ambages de système politique du Mali quand on veut faire allusion à l’Etat au Mali, qui au demeurant, de par sa particularité s’inscrit dans un ensemble d’interactions à l’aune duquel l’Etat doit être appréhendé.

Notes

1 Le Roy, Etienne « Odyssée de l’Etat ».

2 Daniel BOURMAUD, La Politique en Afrique, 1997, Edition Montchrestien, page7, 160 pages.

3 Cette crise : coup d’Etat du 22 mars, partition de l’Etat, occupation du septentrion par les irrédentistes MNLA, NARCO-TERRORISTES - DJIHADISTES ANSAR DINE, AQMI…, constitue certes un variable d’analyse de notre ouvrage en même temps que d’autres phénomènes ayant caractérisé le système politique malien, mais nous ne lui réserverons pas un grand développement outre mesure, nous comprenons que ceci pourrait être considéré par certains lecteurs comme un contre courant de l’actualité. En lisant l’ouvrage dans son entièreté, l’on se rendra aisément compte que cette problématique est bien traitée à sa bonne proportion.