Fiche de document Dossier : Mémoire, histoire et éducation à la paix : une participation citoyenne engagée, des pratiques d’auto-formation et une nouvelle pédagogie du changement.

, Paris, juillet 2009

Tombe le monde! Jouer avec la catastrophe. Une nouvelle pédagogie du changement

Est-il possible d’apprendre des catastrophes ? Selon l’auteur du livre, une approche pour apprendre à prendre des décisions et à gérer l’incertitude dans les situations de crise est la seule façon pour transformer en opportunité la situation historique dans laquelle nous nous trouvons et qui a commencé suite au 11 septembre 2001.

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Réf. : Euli, Enrico, Tombe le monde! Jouer avec la catastrophe. Une nouvelle pédagogie du changement. Titre original : Réf.: Euli, Enrico, Casca il mondo! Giocare con la catastrofe. Una nuova pedagogia del cambiamento, Edizioni la meridiana, collana: Pace insieme, alle radici dell’erba, Bari, 2007.

Langues : italien

Type de document : 

Le livre présente de façon innovante, concrète et expérimentale des pratiques, techniques et méthodes pour affronter les changements dans la vie, même les plus catastrophiques. L’invitation du sous-titre à jouer avec la catastrophe veut dire qu’il faut récupérer la dimension du jeu comme moyen pour affronter des périodes de crise, des situations désagréables et tragiques, etc.…

Ceci est valable au niveau personnel, de groupe, ainsi que de la société. Cet ouvrage ne contient pas seulement des suggestions pour une pédagogie du changement, mais également une profonde réflexion pour mieux affronter le monde d’aujourd’hui, de plus en plus caractérisé par des catastrophes sociales, environnementales et éco-systémiques.

Le livre est organisé en 20 chapitres, chacun basé sur un mot clé. Ces mots sont classés par ordre alphabétique sui generis. Par exemple à la lettre A se trouve le titre “Apprendre la…”, à la lettre B “Beauté des…”, à la lettre C “Catastrophes…” et ainsi de suite. Si on lit les titres des chapitres du début à la fin, le résultat est une sorte de poésie. Ces chapitres traitent de différents thèmes et instruments qui ne suivent pas un discours établi mais offrent au lecteur différentes interprétations.

Cet effet de désorientation est accru par l’artifice littéraire d’une « introduction au futur » qui met le lecteur devant un futur “ante catastrophem” en l’obligeant à assumer un point de vue insolite.

Chaque chapitre est structuré autour des mêmes rubriques mais qui, selon le chapitre, se trouvent au début ou à la fin, indépendantes ou emboîtées comme dans un jeu de boîtes chinoises de significations. Prenons comme exemple le quatrième chapitre centré sur les procès décisionnels qui se trouvent à la lettre D avec le titre : « C’est pas à nous de Décider…".

Ceci se structure de la façon suivante: après une première introduction présentant une contribution appartenant aux « Dons », proposé par un ami - collaborateur de l’auteur, on retrouve un paragraphe sur « Pouvoir, Bataille, Guerre : seulement une question de formation ! » qui se décline au travers de citations. Ainsi, avec une citation de J. Lakoff et de M. Johnson, extrait du livre « Métaphores et vie quotidienne », l’auteur nous propose d’aller au-delà du sens commun du langage, de prendre conscience qu’il est nécessaire d’assumer des positions et points de vue dérangeants pour regarder au-delà des métaphores aujourd’hui prédominantes de la discussion comme guerre.

Est-il possible qu’une métaphore de la discussion et du discours comme « une danse » nous amène à d’autres lieux moins autodestructeurs ? L’auteur continue avec un don tiré d’un Laboratoire sur la Méthode du Consensus : la métaphore de la danse est à nouveau explorée (si dans la danse l’objectif est une bonne performance, dans la discussion le but est d’arriver à des bonne décisions dans les réunions ?). Il arrive jusqu’à l’idée que « le jeu de la guerre » peut être « contenu dans une danse créatrice. »

Mais comment pouvons-nous arriver à opérer ce passage conceptuel ? En prenant conscience de la façon dont nous percevons le monde, en interprétant les problèmes comme des dilemmes et en acceptant la complexité de la vie.

Chaque chapitre présente une partie dédiée à des pratiques-techniques-exercices qui peuvent être résumés dans le mot “Jeux”. Le quatrième chapitre contient des jeux corporels et conceptuels qui nous invitent à prendre conscience des processus, des difficultés, des mécanismes à travers lesquels un groupe arrive à une décision, ainsi que des implications pour soi-même et pour les autres.

Cette description est bien évidemment le résultat d’une lecture personnelle du chapitre et du livre, au cours de laquelle nous nous sommes demandé à plusieurs reprises où l’auteur voulait arriver avec son discours.

Le livre contient des sauts conceptuels, différentes réflexions provenant d’auteurs très éloignés dans le temps et dont la pensée et les disciplines sont très différentes. Dans le chapitre ci-dessus examiné, on retrouve par exemple des suggestions et des renvois qui rapprochent des morceaux de littérature mondiale (T.Mann), de littérature non violente (Sofsky, Weich), de philosophie (Agamben), ainsi que des essais sur les méthodes décisionnelles (Berthoz), sur la violence et l’organisation (Sofsky, Weich).

On retrouve beaucoup d’autres citations et occasions de réflexion dans les autres 20 chapitres. Plus qu’un livre, il s’agit d’un instrument pédagogique, d’action et de pensée.

Certains thèmes reviennent souvent au fil des chapitres : la relation, la société, la paix, la pédagogie, l’imaginaire, la vie, la participation, la créativité, l’art, le jeu. Parmi tous ces thèmes il arrive à se créer un dialogue, comme si chacun était interdépendant des autres : « la démocratie, la paix, la justice, la solidarité, la coopération ne sont-elles des formes particulières de relation entre personnes et entre celles-ci et le monde ? ».

Le jeu occupe un chapitre central : le jeu et l’action deviennent une proposition non violente pour une éducation à la paix et pour une politique qui permettent aux personnes d’acquérir des capacités créatives, de communication et relationnelles.

Autre chapitre à notre avis très intéressant est celui sur la mythopoiese: il traite de narrative et herméneutique, de narration et vérité et de la relation entre les deux. Les références culturelles vont de Calvino à Kundera, de Zolla à Simmel, de l’anthropologie culturelles (Augé, Geerts, Griaule) à la sémantique (Eco, Barthes), de la psychanalyse (Jung) à la géographies humaine (Dematteis). Tous ceux-ci essayent de redonner la dignité et le rôle que le sujet a perdu dans un monde objectivé.

Commentaire

L’auteur cherche avec ce livre une nouvelle façon de se confronter aux événements dévastateurs, qui font irruption dans la vie quotidienne, en la détruisant, en apportant du chaos dans l’ordre apparent.

Au moment où ces événements semblent bouleverser la sphère du rationnel, il bouleverse le plan du discours rationnel pour offrir de nouveaux prétextes et parcours. Le parcours tracé par l’auteur n’est pas linéaire et rationnel, tout comme les catastrophes ne sont pas rationnelles.

L’auteur nous invite à découvrir une nouvelle pédagogie capable de faire de la crise et des difficultés des opportunités de changement (des habitudes, des approches) constructives et créatrices.

Le livre est aussi utile pour expliquer les catastrophes aux enfants.

En s’inspirant de la philosophie et aux techniques sur les processus décisionnels et sur la gestion des groupes, l’auteur semble nous suggérer qu’il est possible de « simplifier la complexité… » de la vie et des phénomènes dans lesquels le pouvoir est impliqué, et de transformer et partager ce pouvoir pour arriver à un consensus, un accord dans le conflit et la relation…