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En librairie

Transformation de conflit, de Karine Gatelier, Claske Dijkema et Herrick Mouafo

Aux Éditions Charles Léopold Mayer (ECLM)

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, Berlin, juillet 2009

La chambre encombrée. Traces et parcours d’amours possibles

« La chambre encombrée » est un Dvd multimédia et d’autoformation pour l’éducation à la relation entre genres. A travers cet outil, il est démontré qu’il est possible de dépasser les obstacles inhérents à toute relation humaine, s’il existe une vrai volonté de participation dans la relation avec l’autre et les autres.

Mots clefs : Elaboration d'outils pédagogiques d'éducation à la paix | Education à la gestion non-violente des conflits | Sciences humaines et paix | Utilisation de l'imaginaire | Association locale de femmes | Institutions d'enseignement, Centres de recherche, Scientifiques | Centre de Documentation | Gérer des conflits | Italie

Réf. : Lambertini, Letizia, La chambre encombrée. Traces et parcours d’amours possibles, Centro Documentazione Donna Modena, 2005.

Langues : italien

Type de document :  Vidéo

Cet instrument pour la sensibilisation à la différence entre les genres s’adresse directement et indirectement aux jeunes, entre 17 et 25 ans, et le modèle utilisé est celui de l’autoformation. Dans la construction de l’identité dans les dynamiques relationnelles, une attention particulière est donnée à la dimension sexuelle.

Description de l’instrument

Le DVD est organisé en deux sections qui se recoupent : « traces de vie » et « parcours de participation ». La première section présente l’élaboration des différentes dimensions qui composent un rapport « intime d’amour » tandis que la deuxième aborde l’histoire d’amour et démontre son potentiel de transformation ainsi que sa signification « politique » et sociale.

Section I : traces de vie

Organisation de la section

Cette section se situe dans une “chambre métaphorique”. Il s’agit du tableau « abstrait » du peintre Bruno Pinto et c’est la page d’accueil sur laquelle l’utilisateur se déplace. On y trouve des « éléments » de différentes tailles et formes représentant les d’obstacles. Cette chambre, remplie d’« obstacles » représente la complexité et la difficulté du rapport d’amour de couple : seulement le désir d’affronter ces obstacles pourra aider la relation à se libérer et à être approfondie.

Au milieu de la pièce, une ouverture nous conduit vers le début du film. Le film se déroule en 4 séquences, et raconte une histoire d’amour emblématique : deux jeunes, Alfredo et Agatha, après une impromptue cohabitation chez le garçon, se quittent à cause d’une série d’incompréhensions. Ils se rapprochent ensuite petit à petit après une période de séparation.

L’utilisateur est obligé d’ouvrir une série de « fenêtres » qui représentent les obstacles à dépasser. Il faut donc se débarrasser des obstacles, les résoudre, pour permettre à l’histoire de Alfredo et Agata de se développer.

Les différentes « fenêtres » présentées par « mots clés » sont ainsi regroupées :

  • 5 fenêtres de figures significatives : la mère, le père, les sœurs et frères, les grands pères et les grandes mères, les amis ;

  • 5 fenêtres de sentiments/émotions : la peur, le courage, l’incertitude, la solitude, la liberté, la félicité, la tristesse, la jalousie, l’ironie, la rage, la confiance, le manque de confiance ;

  • 5 fenêtres de confrontation : l’école, le travail, les lieux de rencontre, l’argent, la mort

Pour accéder à la séquence suivante, il faut ouvrir à chaque fois 6 fenêtres. Chaque fenêtre propose une série de matériaux et supports liés au mot clé. L’utilisateur pourra connaître l’évolution et la fin de l’histoire de Agata et Alfredo seulement après l’ouverture des 18 fenêtres. L’ordre d’ouverture est libre. Les obstacles disparaissent ainsi, les un après les autres et se placent au fond de la chambre en décrivant avec leur ordre le parcours d’exploration de l’utilisateur, qui est donc personnel.

Les contenus

A l’ouverture de chaque fenêtre, une séquence vidéo/audio est activée. On écoute ainsi des voix différentes qui racontent des expériences, des réflexions autour du mot clé. Ensuite, toujours en relation avec le mot clé, l’utilisateur peut choisir d’autres « outils de compréhension » : des témoignages réels, des histoires narratives (1100 histoires sont disponibles), des réflexions (une sélection de plus de 500 morceaux de réflexions mystiques, contemporaines et modernes), des chansons (500 chansons des titres contemporains), film (300 propositions de titres de la filmographie contemporaine), une bibliographie (ici le matériel est organisé en 3 sections : sages, narration et spiritualité, méditations… chacune répartie en sous catégories).

Séction II : parcours de participation

La section « Parcours » se situe dans une « ville » métaphorique, une espace élargi par rapport à la chambre de la section « traces ». L’ouverture de l’espace d’intimité du rapport à 2 se déplace vers l’espace de la communauté ou le rapport d’amour s’enrichit d’autres potentialités. Dans cette nouvelle section, on peut retrouver 6 lieux « émouvants » : « la place – courage », « l’école confiance – méfiance », « le parc - peur », les « lieux de rencontre solitude / liberté », « le théâtre – ironie », les « lieux de prière joie / tristesse ». L’idée de ces associations est que chaque lieu devient significatif à partir du moment où la personne se reconnaît en lui et y ressent une émotion particulière quand il s’y retrouve. En rentrant dans la fenêtre, on y retrouve une explication de la connexion entre lieu et émotion et également la proposition d’une requalification de ce même lieu dans la ville. Le matériel de lecture s’accompagne de témoignages et de photos emblématiques.

Dans cette section, on retrouve aussi 12 « présences narratrices » que l’utilisateur rencontre en se promenant dans la ville virtuelle : hommes, femmes, homosexuels et hétérosexuels, jeunes et vieux, tous racontent leur histoire d’amour et ils nous délivrent leur façon de vivre la « polis » et leur façon de concevoir l’intimité et l’amour.

En fin de section, nous trouvons 11 propositions de réflexion sur les rapports entre la relation intime et : la prison, Dieu, le droit, le handicap, la culture, le travail, l’homosexualité, la prostitution, la violence… Ici la « relation intime » se trouve influencée par la dimension « politique » du vivre dans une collectivité.

Commentaire

Deux approches peuvent être recherchées dans le travail.

  • Une première approche est celle du « féminisme » qui part de sa propre partialité et subjectivité comme réflexion pour un parcours pour « une vraie émancipation ». Ce n’est pas un hasard si ce travail a été promu par un lieu qui fait de la culture des femmes son principe d’action (le centre de documentation « Femme » de la ville de Modène, en Italie).

  • La deuxième approche est celle « anthropologique » enracinée dans la conviction que la position laïque est la plus apte à répondre à la question « Qui es-tu ? », question fondamentale pour la construction de la relation entre personnes et pour la conscience de soi.

La conviction de base de cet « instrument » est que, dans l’expérience amoureuse, rien ne peut véritablement être appris mais que, au contraire, il existe des vécus et des témoignages qui engendrent des variables infinies.

Le caractère très interactif de cet instrument multimédia devient « l’intermédiaire » des contenus et des réflexions à travers un langage avec un fort impact émotif (film, témoignages, musiques…). Le large choix de matériaux et de supports, et la formulation interlocutoire des guides pour la formation focalisent toute l’attention sur le « sujet » sans donner de jugements sur ce que signifie être « sentimentalement correct » ou socialement « identifiable » ou « acceptable ».

Même si l’instrument tourne autour de l’expérience amoureuse, cela est fait car ce rapport peut être un « point de force en mesure d’ouvrir des perspectives, de tracer des horizons qui nous mettent en communication avec le monde ». Il est donc proposé à l’utilisateur d’utiliser avec confiance son capital amoureux pour le transformer. L’hypothèse politique qui découle de cette approche est celle d’une éducation sociale en mesure de mettre en lumière le courage et la force nécessaire à agir positivement dans le monde.

Cet exercice relationnel possède la potentialité pour renforcer sa propre identité. À travers les dimensions de l’amitié, de la famille, de la confrontation de génération, l’individu peut s’engager dans une vraie participation politique.

Notes

  • Traduction de l’italien par Simone GIOVETTI.