José Pablo Batista, Guatemala, février 2005
Amérique centrale, la reconstruction de paix menacée par l’organisation de nouvelles formes de violence.
La construction de la paix par des sociétés sortant d’une guerre n’est pas un acquis, elle représente toujours un défi.
Faisant suite à la signature des accords de paix destinés à arrêter les conflits armés internes en Amérique centrale à la fin du XXe siècle, il a été procédé au désarmement des groupes armés hors-la-loi ainsi qu’à la réduction des effectifs des armées. Il a fallu d’abord promulguer une loi d’amnistie pour les combattants de toutes les tendances. Les Contras nicaraguayens ont intégré le parti UNO, le FMLN salvadorien est devenu un parti politique, l’URNG guatémaltèque s’est intégré à l’alliance politique « Nouvelle Nation ». Mais les lendemains du désarmement de ces groupements ne furent pas si simples. La réinsertion n’a pas réussi au mieux et, par la suite, tous ces hommes qui savaient uniquement faire la guerre se sont trouvés sans avenir, à la rue. Ils continuèrent à « exercer leur métier » : la violence. Des armées privées de narco-trafiquants, des milices au service de grands propriétaires, des bandes de délinquants, etc. se sont organisées. Celles-ci sont venues nourrir les pratiques de recours à la violence développées au sein de la société civile pendant des années d’affrontements armés. Une grande partie de l’insécurité et de la délinquance traversant l’Amérique centrale provient de cette culture de la violence nourrie par l’arrivée de ces gens au chômage et armés.
L’Amérique centrale est encore traversée par une violence quotidienne diffuse, sans contrôle de la part des États. La violence institutionnelle comme expression d’anciens conflits a été démantelée. Des nouvelles formes d’expression de conflits s’organisent, imposant ici et là la loi du plus fort.
Une fois le cessez-le-feu réussi, l’après-guerre pose le défi de la construction de la paix : comment une population habituée à vivre avec la violence peut-elle, du jour au lendemain, s’en libérer ? La construction de la paix par des sociétés sortant d’une guerre n’est pas un acquis, elle représente toujours un défi.