Fiche de défi Dossier : La formation des volontaires de paix

Cluj, Roumanie, 2007

Vers une formation en phase avec la pratique

Répondre aux différents besoins des acteurs impliqués dans la formation à la paix, développer des pratiques éducatives judicieuses et combler le fossé entre la formation et le terrain constituent trois défis clef de l’élaboration et de la mise en œuvre de formations à la paix.

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En reliant la formation aux pratiques réelles de transformation de conflits et d’intervention non-violente auxquelles les participants recourront, on peut incontestablement garantir la qualité de la formation. Comme nous l’avons vu, les participants ont à la fois besoin, pour cette préparation, d’un espace sûr qui leur donne l’occasion de s’explorer en profondeur, et de concepts, d’outils et d’approches appropriés qu’ils pourront utiliser.

L’élaboration d’un système de formation complexe, conçu pour correspondre aux participants à de nombreux niveaux, plutôt qu’une simple préparation intellectuelle, constitue un élément clef pour la mise en œuvre de tout cela. À bien des égards, ceci reflète une mutation similaire à celle des systèmes d’éducation traditionnels vers les modèles d’apprentissage tout au long de la vie révélateurs d’un cadre éducatif informel. La capacité à « apprendre à apprendre » - lorsque l’apprentissage se fait en parallèle à la pratique – est une compétence clef à la base de cette approche éducative plus holistique.

Il est nécessaire de planifier et de diriger des activités de formation dans le cadre conceptuel d’une formation en phase avec la pratique. La formation est toujours un type d’intervention. Mais ce type d’intervention est indirect. C’est pourquoi il est important de replacer les activités de formation dans le contexte de l’intervention civile dans les conflits et d’évaluer leur efficacité dans le contexte des réalités en évolution constante du conflit.

Au niveau le plus élémentaire, le défi de concevoir une formation en phase avec la pratique efficace réside dans l’établissement de voies de communication appropriées afin de relier les expériences de la salle de cours aux contextes sociaux, politiques et culturels du terrain. Par conséquent, il devient essentiel d’évaluer les résultats de la formation sur les intervenants de paix et sur leur capacité à contribuer de façon constructive à la transformation des conflits.

Cette formation en phase avec la pratique s’accompagne d’un certain nombre d’indicateurs pertinents pour de nouvelles améliorations de la formation à la paix et du travail de paix :

  • Clarifier les objectifs, les présupposés explicites et implicites, et les programmes politiques des acteurs impliqués dans les formations à la paix ;

  • Donner largement le temps aux participants de partager leur propre expérience, leurs ressources et leurs connaissances qui viendront alimenter le contenu de la formation ;

  • Concevoir des formations qui soient autant rattachées que possible au lieu du conflit, par exemple, recruter des formateurs ayant l’expérience et l’expertise appropriées et utiliser des informations pertinentes collectées sur le terrain ;

  • Prévoir, au cours de la formation, des expériences de terrain, comme par exemple des sorties et des stages sur le terrain, qui donnent des occasions d’apprentissage sur site, lorsque c’est possible ;

  • Former ensemble des intervenants extérieurs et des locaux et prévoir un espace où ils pourront échanger leurs expériences ;

  • Consacrer du temps au dialogue, à la réflexion et à la supervision pendant et après les expériences sur de terrain ;

  • Evaluer les résultats à court et moyen terme de la formation sur les connaissances des intervenants de paix, sur leurs qualités humaines, leurs compétences professionnelles, leur aptitude à faire leur travail plus efficacement et sur leur capacité à contribuer positivement à la transformation du conflit ;

  • Adapter les objectifs et les instruments de la formation aux réalités changeantes du terrain. Les formations dispensées sur une base régulière – par exemple lorsqu’elles s’inscrivent dans un processus d’intervention plus large – doivent être révisées et mises à jour régulièrement.

Dans l’idéal, la formation devrait représenter seulement une fraction du travail de soutien et de supervision des intervenants. Ceux-ci ont besoin, lorsqu’ils sont impliqués dans une mission, d’un système de soutien qui les aide à continuellement construire leurs capacités en tant qu’intervenants de paix. Il serait bénéfique, pour la qualité du travail de paix que les organisations qui déploient des intervenants sur le terrain les accompagnent et les aident à réfléchir à leur expérience et ainsi gagner en maturité. Cela donnerait également aux intervenants de paix le temps de mieux documenter leur travail, ce qui contribuerait alors à ce que l’information pour la formation à la paix soit autant à jour et pertinente que possible.

Notes

  • Tiré de l’ouvrage : « Formation à la paix, Formation des adultes au travail de paix et à l’intervention civile de paix lors de conflits » ; Auteurs :Robert Rivers, Giovanni Scotto, Jan Mihalik et Frode Restad. Ouvrage réalisé dans le cadre du projet ARCA. Le projet ARCA (Associations and Resources for Conflict Management Skills) a été mis en place afin de contribuer directement à l’amélioration de la qualité, contenu et méthodologies des formations à la paix et à la transformation de conflits. Le projet, financé par la Commission Européenne, Socrates/Grundtvig1, comptait avec la participation 13 organisations originaires de 11 pays européens, dont le MAN (Mouvement pour une Aternative Non-violente), France.