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Transformation de conflit, de Karine Gatelier, Claske Dijkema et Herrick Mouafo

Aux Éditions Charles Léopold Mayer (ECLM)

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Paris, 2008

L’ethnicisation de la vie politique comme facteur de division sociale et de conflits : Evo Morales et le changement politique en Bolivie

Les distinctions, les séparations, les divisions sociales au nom de l’ethnie étant instaurées et légitimées au nom de la justice, la paix qui se dessine en Bolivie n’est pas celle du savoir vivre ensemble avec les différences et les conflits nés de ces différences, mais celle de la cohabitation de groupes autoproclamés différents, par murs symboliques interposés.

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Juan Evo Morales Ayma est né le 27 octobre 1959 à Orinoco dans l’altiplano Bolivien. Il est issu d’une humble famille paysanne aymara de sept enfants. Il ne fit pas de grandes études de part sa situation familiale et sociale. En 1980, à la suite de mauvaises récoltes, une partie de sa famille et quelques voisins partirent tenter leur chance dans le Chapare, alors en plein boom de la coca. C’est à partir de ce moment que sa carrière syndicale et politique va débuter. Il devient assez rapidement un ardent défenseur de la coca et des cocaleros. Il fonde en 1995, le mouvement vers le socialisme (MAS). Elu député en 1997, il est exclu du Parlement le 22 janvier 2002 pour avoir organisé des manifestations et des grèves. Néanmoins il revient quatre ans plus tard où il remportera les élections du 18 décembre 2005, et rentrera en fonction le 22 janvier 2006. C’est le premier président de la république de Bolivie d’origine amérindienne.

Il souhaite : « fonder un nouvel Etat basé sur nos nations millénaires et la diversité de nos cultures, un Etat qui récupère nos héritages ancestraux et encourage la revitalisation des identités, des valeurs et des savoirs ».

Dans ce contexte, nous allons nous poser la question suivante : En quoi la nomination d’un indigène à la tête de la Bolivie peut-elle être le vecteur de renouveau social ?

Il s’agira donc de mettre en exergue ici les répercutions, mais aussi les enjeux liés à l’élection d’un indigène à la tête du pays. Ce sujet aurait pu être traité d’un point de vue économique, social, ou de manières complètement différentes. Mais l’angle d’analyse choisi ici, est un point de vue plutôt ethnique.

Afin de répondre à la question posée précédemment, nous ferons dans un premier temps, un petit retour en arrière afin de comprendre comment et pourquoi s’est effectuée cette « émergence » du peuple indigène. Puis dans un second temps nous analyserons ici l’hypothèse d’une « Ethnicisation » du pouvoir politique comme facteur de conflit en Bolivie. Enfin, nous verrons dans une dernière partie les limites à cette ethnicisation.

I. Un contexte propice à l’émergence des peuples indigènes

A. Un contexte de crise

1. Une révolte économique

Cette révolte a débuté avec la privatisation des ressources naturelles. La population reproche au gouvernement de laisser faire le pillage des ressources naturelles par les entreprises étrangères. La « guerre de l’eau » en 2000 à Cochabamba illustre parfaitement le fossé qui existe entre les revendications populaires (nationalisation) et la volonté du gouvernement (privatisation). En effet, suite à la privatisation de l’eau, son prix à augmenté de 50 %. Face à cette augmentation excessive du prix, un appel fût lancé d’une « coordination pour la défense de l’eau et de la vie », et la ville se souleva. Quelques années plu tard en 2003, la « guerre du gaz » fut aussi un élément majeur dans le déclenchement d’un renouveau politique. C’est en effet à la suite de cet événement que les foules vont obtenir le départ du président Gonzalo Sanchez de Losada.

2. Une révolte sociale

Environ 70 % de la population indigène vit dans la pauvreté et la misère, dans des logements insalubres. Souvent sous alimentés, les indigènes n’ont pas accès aux soins, ils souffrent et meurt de nombreuses maladies qui pourraient être soignées très facilement. Leur espérance de vie est faible. La mortalité infantile est très élevée 90 ‰. De plus, la réforme agraire réclamée ne s’est pas faite. Les indigènes veulent reprendre ce qui leur appartienne. Un vrai sentiment d’injustice se dégage de leur revendication, ils se sentent discriminés.

3. Une révolte politique

Ces successions de révoltes vont pousser en 2003, Gonzalo Sanchez de Losada à la démission. Carlos Mesa Gisbert lui succédera, mais son opposition à l’expropriation des compagnies étrangères le conduit à démissionner. Son successeur Eduardo Rodriguez Velzé s’occupera juste d’annoncer la date des prochaines élections. Ces nombreuses successions de présidents à la tête du pays conduiront à une refonte du politique avec l’arrivé d’Evo Morales au pouvoir.

B. Evo Morales comme solution à la crise

Evo Morales Aymas, souhaite refonder la Bolivie, en mettant des moyens en œuvre afin de protéger les petits producteurs de coca et tous les travailleurs dépendant directement de cette culture.

Son programme repose sur quatre revendications principales :

  • La nationalisation des secteurs clefs de l’économie.

  • L’arrêt du paiement de la dette extérieure.

  • La fin de la lutte et de l’intervention Etasunienne dans la lutte anti-coca.

  • La convocation d’une assemblée constituante pour redéfinir la nature de l’Etat et l’adapter à la réalité pluri ethnique et pluriculturelle de la nation.

La victoire d’Evo Morales en 2005, est donc du en partie à la vague successive de conflits sociaux dont à été victime la Bolivie. Mais, elle tient aussi « au discrédit croissant des forces politiques gouvernant le pays depuis 1982, et très probablement à la lassitude d’une grande partie de la population qui a le sentiment que c’est la seule façon d’en finir avec cette agitation incessante qui paralyse l’activité économique et gêne considérablement la vie quotidienne » (1).

Dès le début de son mandat il va mettre en place une procédure de renationalisation de tout le secteur des hydrocarbures. Pour Evo Morales s’est un point essentiel, car en dépend la survie de l’économie et du développement durable de la Bolivie. Dès le 1er mai 2006, il annonça la reprise par l’Etat des réserves d’hydrocarbures. Il donna six mois à partir de cette date aux compagnies étrangères pour renégocier les contrats. En parallèle de ces premières mesures il va relancer la réforme agraire, pour répondre aux revendications sociales des indigènes expropriés de leurs propres terres.

L’autre grand projet était la création d’une assemblée constituante afin de donné la parole aux peuples indigènes.

Nous avons vu qu’Evo Morales n’a pas été élu par hasard. En effet, il a été élu avec un score sans égal dans l’histoire de la Bolivie (53,7 % des voix pour le nouveau président, 72 députés sur 130 et 12 sénateurs sur 27). Cet homme à ce moment là était vu comme l’individu le plus à même de défendre les droits du peuple indigène. Ces élections ont été accompagnées d’un besoin de renouveau social.

II. Une Ethnicisation de la vie politique

A. L’émergence de nouveaux acteurs sociaux

De nouveaux mouvements sociaux tels que les indigènes aymaras, les cocaleros, les paysans sans terre, sont apparus en Bolivie, et ont bouleversé les clivages politiques traditionnels. Ils vont effet émerger en conséquence du modèle économique néolibéral adopté en 1985. Ce dernier va engendrer la mise en place des mouvements et organisations de protestation et de lutte. Il a été mis en place par Victor Paz Estenssoro du MNR (Mouvement Nationaliste Révolutionnaire). Ce modèle va faire entrer la Bolivie dans l’économie de marché. Cette réforme engendrera de nombreux licenciements, la destruction des nombreuses entreprises publiques et donc une crise sociale. Les puissances syndicales traditionnelles comme la COB (Corporación minera de Bolivia) vont perdre de leur importance. Autrefois, grande protagoniste des révoltes sociales, grèves, manifestations elle a perdu de son influence et son pouvoir fédérateur avec la fermeture des mines. Cela n’aura pour effet que de modifier la structure des mouvements sociaux. En effet, avec la COB, les individus étaient rassemblés autour de revendications sociales. Ils appartenaient tous au même secteur professionnel. Avec, les nouveaux mouvements sociaux d’autres critères comme l’Ethnie, vont rassembler les individus entre eux.

B. Le « réveil » des aymaras et l’unification des cocaleros

A partir des années 1970 s’opère le « réveil » des Aymaras. Les indiens Aymaras représentent en effet environ 50 % de la population Bolivienne. Ils sont regroupés sur l’Altiplano de La Paz et d’Oruro. Bien que leur mouvement d’opposition à toujours existé, il s’opère un changement radicale dans leur structure. Ils deviennent « une vraie organisation de la protestation ethnique ». Xavier Albo explique que : « Très orgueilleux de leur racines culturelles, les Aymaras vivent pauvrement et difficilement sur le froid Altiplano et beaucoup avait émigré ou avaient déjà un pied dans la ville, en particulier à El Alto qui est, au fond, la face pauvre, immigrée et travailleuse de l’air métropolitaine de la Paz. La combinaison de l’orgueil ethnique et de la pauvreté, de la ville et de la campagne, leur donne un grand pouvoir de mobilisation. Leur conscience historique leur rappelle constamment que leur ancêtre, dirigés par Tupac Katari, mirent pendant six mois le siège devant la Paz » (2). C’est à partir de ce moment que nous pouvons parler d’Ethnicisation de la vie politique Bolivienne. En effet, les Aymaras vont commencer à s’organiser et fonder des partis politiques afin de défendre leurs droits. Ils se positionnent comme peuple, comme ethnie et vont alors se différencier de l’autre partie de la population, en créant leur propre groupe porté par des revendications d’ordre ethnique. Ils vont proposér lors des élections les nouveaux thèmes de la renaissance ethnique et lutter contre les discriminations dont ils sont victimes : « leur préoccupation majeure demeure le racisme dont sont victimes les indigènes : « Le racisme est plus grave que les privatisations, car la discrimination nous interdit l’emploi » (3).

La Bolivie aujourd’hui est la première productrice de feuille de coca. Bien qu’elle face vivre une grande majorité des indiens, elle a rôle bien plus qu’économique en Bolivie. En effet, la feuille de coca est symbolique pour la population indienne. Elle est utilisée à des fins thérapeutiques depuis 5000 ans. Classée en 1961 par la convention de Vienne comme étant une plante psychotrope, elle va être interdite à la consommation puis à la production. Cette symbolique va être utilisée dans les années 1980 afin d’unifier la population indienne. Ce mouvement va porter le nom de cocaleros. Les cocaleros sont des petits producteurs, et ce sont les plus grandes victimes de la lutte anti-drogue. Ils se sont mis à la production de la feuille de coca à la suite de la perte de leur emploi avec la fermeture des mines.

Dans les années 1990, les États-Unis vont prohiber la production de coca. Cette interdiction va se traduire par un grand mouvement de manifestation. Cela n’aura d’autres effets que de donner naissance à un mouvement politique. La lutte des cocaleros va devenir assez rapidement, une lutte des peuples autochtones pour leur survie matérielle et l’affirmation de leur identité, le terme d’Ethnocide a été employé pour désigner la destruction des champs de coca.

Dans ce contexte, la dépénalisation de la feuille de coca signifierait pour les peuples indigènes la reconnaissance de leurs traditions et culture sur la scène internationale. « Au-delà des opportunités économiques et sociales qui pourraient s’ouvrir avec la dépénalisation de la coca, c’est de la réparation d’un dommage historique et de la reconnaissance des droits culturels des peuples indigènes » (4). Evo morales va joindre dès le départ le mouvement des cocaleros, et veut mettre fin à l’intervention Etasunienne de lutte anti coca.

III. Les limites à cette Ethnicisation

A. Un phénomène d’Ethnicisation de la politique créant une segmentation de la population

Nous assistons en Bolivie à une particularisation ethnique de divers ensemble de la population. Elle va conduire à une certaine segmentation de la population.

En effet, l’émergence du peuple indigène va engendrer l’émergence de différents mouvements politiques indigènes rivaux. On en distingue deux.

  • Indianiste, né et a grandi au sein de la population de la langue Aymara. Il est porté par le mouvement indien pachakuti (MIP). Le MIP, est mené par le Mallku. Il souhaite créer un Etat indépendant qui plonge ses racines dans les profondeurs d’un passé fortement idéalisé. Il prône l’utilisation de la violence afin de permettre ce projet. Il souhaite créer une dictature ethnique, dans laquelle il convient de « ré-indianiser » la population, reconstituer des systèmes communautaires avec une population aux vertus essentialisées dans un territoire libéré des blancs.

  • MNCL, ce parti voit la Bolivie comme un grand ensemble de nationalité, et il inspire à créer son propre Etat. Il souhaite imposer un Etat fédéral Bolivien. Pour finir, il réclame le contrôle départemental sur les ressources des richesses naturelles, les hydrocarbures, les impôts collectés dans les départements.

La multiplicité des Ethnies en Bolivie nous amène à poser la question de la gouvernementabilité. En effet, bien qu’Evo Morales soit d’origine Aymaras, il ne représente qu’une partie de la population. Cela va poser des problèmes lorsqu’il va vouloir mettre en place la constituante par exemple.

B. Un clivage Est/Ouest

On peut remarquer qu’une certaine division politique Est/Ouest s’opère en Bolivie. En effet, il y n’y a pas une réelle unité, et les demandes ne sont pas les même entre l’Est et l’Ouest. Le pays est divisé en deux :

  • D’un coté nous avons les départements andins de la Paz, Oruro, Potosi, Cochabamba et Chuquisaca où le MAS l’emporte nettement.

  • Puis, nous avons en opposition les départements de Pando, Beni, Santa Cruz et Tanija qui offrent une victoire profitable à Podemos (pouvoir démocratique et sociale).

Il faut aussi noter que les élections préfectorales mettront une nouvelles fois en exergue ces disparités. En effet, le MAS, va perdre le département de Cochamba, La Paz. Sur neuf préfets élus, seuls trois sont du MAS. Cette situation va engendrer de fortes tensions entre le gouvernement central et une opposition installée au niveau de l’administration dans la majorité des départements.

De nouveau en juillet 2006, lors de la constituante, nous observons encore ce clivage Est/Ouest.

C. Une reprise des mouvements sociaux

Le plébiscite de la victoire d’Evo Morales, est reconfirmé par la victoire des candidats du MAS aux élections de l’Assemblée constituante de juillet 2006. A cette occasion le MAS obtient de nouvelles circonscriptions dans les régions orientales du pays, dans les zones où jusque là il n’avait pas de représentant, comme pour la ville de Santa Cruz. Enfin, les sondages qui lui attribuaient 80 % d’opinions favorables au gouvernement dans les grandes villes ne lui accordent encore que 60 % à la fin du mois d’août 2006. Cependant nous pouvons voir que cette vision est trompeuse. En effet, parallèlement au scrutin présidentiel s’est déroulée l’élection des préfets de chacun des neuf départements. Seul trois préfets du MAS ont été élus, les départements clés de La Paz et Cochabamba lui ont échappé, ainsi que les départements orientaux. De plus, ce phénomène s’est confirmé lors du référendum concernant l’autonomie départementale. En effet, bien que le MAS et Evo Morales y fussent opposés et que les votes ont été dans ce sens (57,6 % des suffrages défavorables aux autonomies), la répartition des votes fait apparaître une nouvelle foi une bipartition du pays.

Conclusion

Avec l’élection d’Evo Morales à la tête de la Bolivie, nous aurions pu penser voir émerger un nouveau consensus où les intérêts du peuple bolivien seraient mis en valeur. Hors cela ne semble pas être le cas. En effet, dès fin août 2006, on assiste à un retour de la violence, et des mouvements sociaux en Bolivie. La stratégie et la conduite gouvernementale actuelle, semble condamner le pays à une sorte « d’anarchie segmentaire » (5). La Bolivie et le gouvernement d’Evo Morales se trouvent confrontés à la monté d’entités locales qui essayent de s’imposer par la force. Bien que ces revendications soient d’ordres sociales et ethniques, il n’y a pas pour l’instant de réel consensus.

Evo Morales, est le premier président indigène élu en Bolivie. Son caractère ethnique en fait sa spécificité. Elu en 2005, par un plébiscite du peuple (élu au premier tour avec plus de 52 %). C’est en effet la première fois depuis 1982, qu’un président est élu avec un score aussi élevé. Il n’est donc pas arrivé au pouvoir par hasard. Avant sa nomination en 2006 à la tête du pays il a connu des échecs politiques, notamment en 2002.

Le climat social était propice à son élection, en effet, le contexte économique et social laissait présager la naissance d’une crise politique. En se faisant élire Evo Morales avait pour but de « refonder la Bolivie ». Il voulait rendre aux indigènes ce qui leur appartenait, et leur permettre de peser politiquement. C’est ce qu’il essaya de mettre en place très rapidement avec la vague de renationalisation, sa lutte pour la dépénalisation de la production de la feuille de coca, son arrêt du paiement de la dette, la constituante…

Tous ces éléments auraient pu nous laisser présager que s’ouvrait une période de paix sociale et de stabilité politique dans le pays. Hors ce ne fut pas le cas, on voit apparaître une certaine Ethnicisation de la vie politique. C’est-à-dire que différents groupes ethniques vont se former et s’organiser en entité locale qui vont essayer de se faire entendre par la force. La preuve en est lors des élections préfectorales ou lors de la constituante, la Bolivie est scindée en deux. Il est donc difficile de voir pour l’heure un consensus politique en Bolivie, qui permettrait au peuple « d’enclencher un cycle vertueux propice à la démocratie et au développement économique » (6).

Les distinctions, les séparations, les divisions sociales au nom de l’ethnie étant ainsi instaurées et légitimées au nom de la justice, la paix qui se dessine n’est pas celle du savoir vivre ensemble avec les différences et les conflits nés de ces différences, mais celle de la cohabitation de groupes autoproclamés différents, par murs symboliques interposés.

Notes

  • Auteur de la fiche : Claire MARTIN BOURGOIN.

  • (1) : Christian Rudel, La Bolivie, Paris : Karthala, 2006.

  • (2) : Xavier Albo (ed.), Raices de América, el mundo aymar.

  • (3) : lipietz.net/spip.php?article1705

  • (4) : risal.collectifs.net/spip.php?article2231

  • (5) : P Lavaud, La Bolivie vers l’anarchie segmentaire? « L’Ethnicisation » de la vie politique, p62-81.

  • (6) : P Lavaud, La Bolivie vers l’anarchie segmentaire? « L’Ethnicisation » de la vie politique, p62-81.