Analysis file Atelier : Workshop on Mediation and Advocacy in the empowerment process.

Bangalore, November 2006

Le VIH et le SIDA en Inde

L’Inde a subi une forte augmentation du nombre estimé de cas d’infection au VIH, de quelques milliers au début des années 1990 à environ 5,1 millions d’enfants et d’adultes vivant avec le VIH/SIDA en 2003. Avec une population de plus d’un milliard, les épidémies de VIH en Inde ont un impact majeur sur la propagation du VIH en Asie, dans le Pacifique et dans le monde.

Keywords: | India

La propagation du VIH à travers le pays est aussi diverse que les groupes sociaux entre ses différentes régions, Etats et zones métropolitaines. En fait, l’épidémie en Inde est composée de plusieurs épidémies, et dans certains endroits se produisent dans le même Etat. Les épidémies varient suivant les Etats avec principalement une contamination hétérosexuelle du VIH, à certains Etats où l’injection de drogues est la voie principale de contamination du virus. Le suivi de l’épidémie et la mise en œuvre de programmes efficaces posent tous deux un sérieux défi aux autorités et aux communautés en Inde.

Il serait facile de sous-estimer le défi du VIH/SIDA en Inde. L’Inde a une importante population et densité de population très forte, un faible niveau d’alphabétisation et, par conséquent, un faible niveau de sensibilisation, si bien que le VIH/SIDA est l’un des problèmes les plus difficiles de santé publique jamais connue par le pays.

Les premières années de riposte face au VIH/SIDA en Inde

Le premier cas d’infection par le VIH en Inde a été diagnostiqué chez les travailleurs du sexe à Chennai, Tamil Nadu, en 1986. Peu de temps après, un certain nombre de centres de dépistage ont été mis en place dans tout le pays. Au départ, l’accent a été mis sur le dépistage des étrangers, en particulier les étudiants étrangers. Peu à peu, l’accent a été mis sur le dépistage des banques de sang. Au début de 1987, des efforts ont été effectuées pour mettre en place un réseau national de centres de dépistage du VIH dans les grandes zones urbaines.

Un Conseil national de lutte contre le SIDA a été lancé en 1987 avec le programme d’activités couvrant la surveillance, le dépistage du sang et des produits sanguins et l’éducation à la santé. En 1992, le National AIDS Control Organisation (NACO) [Organisation Nationale de Contrôle du SIDA] a été créé. Le NACO effectue le Programme national sur le SIDA en Inde, qui comprend la formulation de la politique, de prévention et de contrôle des programmes.

Orphelins du VIH/SIDA

Obtenir des données sur le nombre d’enfants rendus orphelins par le sida est difficile. On estime que la proportion d’enfants en Inde rendus orphelins par le sida est beaucoup plus faible que dans l’Afrique sub-saharienne, mais à cause de l’énorme population indienne, le nombre réel d’enfants déjà orphelins par le SIDA est très élevé. En 2001, le nombre d’enfants orphelins était déjà estimée à 1,2 millions.

Bien que les enfants ne soient pas encore orphelins du VIH / SIDA sur une grande échelle dans la plupart des villes, des études ont montré que le problème des orphelins dans certains bidonvilles de l’Inde était déjà grave.

  • Scenario de Karnataka :

Au Karnataka la prévalence moyenne des centres de soins prénataux était de 1.13 en 2001 et de 1.75% en 2002. En 2001, il y avait 4 districts avec une prévalence de centres de soins prénataux de 2% ou plus et ceux là sont localisés dans la partie Sud du pays, dans et autour de Bangalore, sur la frontière avec le Tamil Nadu, ou au Nord de la « ceinture devadasi » du Karnataka.

Les femmes Dévadasi sont un groupe de femmes qui, historiquement, étaient destinées à servir les dieux. Aujourd’hui, cela a évolué vers une prostitution sanctionnée – résultant du fait que de nombreuses femmes de cette partie du pays sont utilisées pour le commerce du sexe dans les grandes villes comme Mumbai. La population du Karnataka est de 52,7 millions d’habitants, et est un Etat divers du Sud Ouest de l’Inde.

  • Les groupes les plus affectés par le VIH/SIDA :

Bien que le VIH/SIDA se concentre encore largement dans les populations à risque, dont les travailleurs du sexe, des travailleurs migrants, les consommateurs de drogues injectables, et les chauffeurs de camions, l’étude des données révèle que l’épidémie se déplace au-delà de ces groupes dans certaines régions et dans la population en générale. Elle se déplace également des zones urbaines aux districts ruraux.

En Juillet 2003, le Dr Meenakshi Datta Ghosh, directeur de projet pour la NACO, a déclaré que le VIH/SIDA ne touchait plus seulement les groupes à haut risque ou la population urbaine, mais avait « progressivement pénétré dans les zones rurales et la population en général. »

L’épidémie continue à se déplacer vers les femmes et les jeunes. Il a été estimé que 38% des adultes vivant avec le VIH/SIDA à la fin de 2003 étaient des femmes. En 2004, on estimait que 22% des cas de VIH en Inde étaient des femmes au foyer avec un seul partenaire. La prévalence du VIH en augmentation parmi les femmes peut par conséquent être vue dans l’augmentation de la transmission mère-enfant du VIH et des cas de VIH pédiatrique.

La majorité des cas de SIDA notifiés se situe chez les actifs sexuellement et économiquement productifs de 15 à 44 ans. Le mode prédominant de transmission du VIH est la voie hétérosexuelle, le deuxième mode commun étant la consommation de drogues injectables. Auparavant, la transfusion sanguine et la transfusion de produits sanguins ont également été les causes principales, mais des mesures de sécurité sur le sang sont maintenant en place pour prévenir cette transmission.

La plupart des travailleurs migrants sont très mobiles et vivent souvent dans de mauvaises conditions d’hygiène au sein des bidonvilles. Les longues heures de travail, l’isolement par rapport à la famille et la mobilité géographique peuvent favoriser des rapports sexuels occasionnels et les rendent très vulnérables aux maladies sexuellement transmissibles ainsi qu’au VIH/SIDA. Les travailleurs migrants ont tendance à avoir peu accès à l’information sur les VIH / MST, au conseil et au dépistage volontaires ainsi qu’aux services de santé. Des barrières culturelles et linguistiques aggravent leur manque d’accès à ces services existants. Les migrants de retour chez eux ou en visite ailleurs, ne connaissant pas leur statut [sanitaire], peuvent infecter leur épouse ou d’autres partenaires sexuelles.

Stigmatisation et discrimination en Inde

En Inde, comme ailleurs, le sida est perçu comme une maladie « des autres » - de personnes vivant en marge de la société, dont le mode de vie est considéré comme celui de « pervers » et vivant « dans le péché». La discrimination, la stigmatisation et le déni sont les résultats de ces valeurs, qui affectent la vie des familles, des communautés, sur les lieux de travail, dans les écoles et les établissements de soins de santé. En raison de la discrimination liée au VIH / SIDA, des politiques appropriées et des modèles de bonnes pratiques restent sous-développés. Les personnes vivant avec le VIH et le SIDA continuent d’être touchées par de mauvais soins et l’insuffisance des services, tandis que ceux qui ont le pouvoir d’aider ne font pas grand chose pour améliorer la situation.

Par exemple, une étude révèle que 36% des personnes estiment qu’il serait préférable que les personnes infectées se tuent, le même pourcentage estime que les personnes infectées méritent leur sort. Enfin, 34% ont dit ne pas se lier avec une personne atteinte du SIDA, et un cinquième a déclaré que le sida était une punition de Dieu.

Le secteur des soins sanitaires a été le contexte le plus manifeste de discrimination, stigmatisation et déni relatifs au VIH/SIDA. L’attitude négative des équipes soignantes a généré l’anxiété et la peur parmi les personnes atteintes du VIH et du SIDA. Par conséquent, de nombreuses personnes ont gardé leur statut secret, craignant d’être encore moins bien considérées que les autres. Il n’est pas surprenant que parmi la majorité des personnes séropositives, la peur et l’angoisse liées au SIDA, et parfois le déni de leur statut de contaminé, peuvent être attribués à des expériences traumatisantes dans les établissements de santé.

D’autres exemples de discrimination concernent les enfants de parents séropositifs, qu’ils soient positifs ou négatifs eux-mêmes, qui se voient refuser le droit d’aller à l’école ou sont séparés des autres enfants. Tandis que les femmes sont souvent accusées par leurs parents et beaux-parents d’infecter leurs maris, ou de ne pas parvenir à faire en sorte que leur partenaire n’ait pas de relations sexuelles avec d’autres femmes. Les gens des groupes marginalisés (les travailleuses du sexe, hijras - transsexuels - et les homosexuels) sont souvent stigmatisés non seulement pour leur statut de VIH, mais également en tant que membres de groupes socialement exclus.

La stigmatisation affecte également les efforts de prévention, par le harcèlement des éducateurs et des travailleurs sociaux pour la sensibilisation au problème du VIH, comme l’a spécifié un rapport en 2002. Bien que le gouvernement indien encourage les ONG à fournir des préservatifs et une éducation sur le SIDA à des groupes à haut risque comme les travailleurs du sexe et les homosexuels, il permet apparemment aux forces de l’ordre de harceler les travailleurs de proximité qui fournissent ces services.

Efforts nationaux de prévention

Eduquer la population sur le VIH/SIDA et sa prévention est complexe dans la mesure où l’Inde a de nombreuses langues et des centaines de dialectes différents. Ainsi, bien que certaines préventions du VIH/SIDA et éducation peuvent être faites au niveau national, de nombreux efforts sont mieux appliqués à l’échelon local et étatique, et par des ONG plutôt que par des organismes gouvernementaux.

Avec la deuxième phase du Programme National de Contrôle du SIDA (1999-2004), la NACO a élargi son programme. Elle fournit des fonds aux sociétés étatiques de contrôle du SIDA pour des interventions ciblées, la sécurité du sang, des campagnes pour les jeunes, le VCT – Volontary Councelling and Testing - Conseil et Dépistage Volontaire, les soins, le soutien et la mobilisation sociale. La deuxième phase du programme vise à promouvoir la coopération entre les secteurs public, privé et associatif.

Le soutien par la NACO des efforts de prévention s’est traduit par des concerts, des spots télévisés avec une célébrité indienne populaire, un feuilleton radio, un programme radio et l’organisation d’un jour de don du sang. Le programme scolaire d’éducation au SIDA comprend la formation des enseignants et la répartition d’éducateurs parmi les étudiants, des jeux de rôles, des débats et des discussions. Le programme a oeuvré en faveur des jeunes étudiants pour les sensibiliser à tous les niveaux, pour les aider à résister à la pression des pairs et à développer un mode de vie sûr et responsable.

Toutefois, on peut toujours débattre pour déterminer s’il y a suffisamment d’engagement pour lutter contre l’épidémie au niveau du gouvernement. De nombreux Indiens qui occupent d’importants postes refusent d’accepter que leur pays est confronté à une grave menace de l’épidémie. Et à mesure que l’épidémie se propage, la lutte contre le sida est embourbée par un manque de consensus sur l’ampleur de la pandémie, la « bonne stratégie » pour le combattre, et comment aborder la sexualité.

La voie à suivre

Il doit y avoir une orientation politique, et des mesures efficaces doivent être prises face à tous les aspects de l’épidémie. « Lors de récentes réunions en Inde, j’ai entendu beaucoup de discours, mais en ce qui concerne l’action, zéro." - Peter Piot, Directeur de UNAIDS.

Stratégies de plaidoyer et de médiation devant être discutées lors de la conférence.

Objectifs spécifiques :

  • 1. Etablir des relations efficaces entre les communautés rurales et urbaines pour aborder la question du VIH/SIDA/IST et les questions de migrations.

  • 2. Renforcer les capacités de la communauté en renforçant les niveaux de notoriété, les connaissances et la motivation sur le VIH/SIDA/IST pour un bon fonctionnement.

  • 3. Réduire le taux de prévalence du SIDA par la promotion de la sécurité dans le comportement sexuel et des attitudes générales de santé et d’hygiène.

  • 4. Réduire le risque de transmission du VIH en préconisant un changement de comportement.

  • 5. Promouvoir l’égalité des sexes et les questions de santé sexuelle dans un contexte de prolifération du VIH-sida au sein des communautés pauvres et marginalisées.

  • 6. Développer les centres d’information sur le VIH et offrir un soutien au grand public, aux groupes à haut risque, infectés par le VIH et à la population touchée.

  • 7. Promouvoir des structures de conseil, de soin, de traitement et d’appui au sein de zones opérationnelles aux Personnes Vivant avec le VIH/SIDA (PVS) et à leurs familles.

  • 8. Résoudre les problèmes de stigmatisation et de discrimination à l’égard des PVS et garantir leurs droits fondamentaux.

  • 9. Lancer et renforcer le plaidoyer pour les soins au PVS dont l’accès au traitement par la mise en réseau avec d’autres groupes d’action, les médias et le public.

  • 10. Parler du VIH/SIDA chaque fois que l’occasion de présente, lors de tous les forums de rencontre.

Personnes-cibles :

  • 1. Les hommes, les femmes, leurs partenaires et les jeunes / adolescents.

  • 2. Les éducateurs qui travaillent directement avec eux.

  • 3. Les Centres de Premiers Soins, les Centres de Soins Prénataux, les médecins et le personnel, les hôpitaux publics, médecins privés, les Infirmières Sages-femmes Auxiliaires, les sages-femmes dans les domaines opérationnels.

  • 4. Les organisations d’intérêt local (CBOs / SHGs).

  • 5. Les dirigeants communautaires, les politiciens et les bureaucrates, les enseignants, les commerçants, les barbiers, les guérisseurs traditionnels, les pharmaciens et les chefs religieux au sein de la communauté.

  • 6. Le secteur des entreprises et des ONGs.

Au cours de notre conférence nationale, nous invitons ceux qui travaillent avec le VIH/SIDA, à partager leurs compétences et leur expérience avec d’autres. Il s’agira notamment des organismes gouvernementaux, ONG, secteur privé et des agents de santé.

Notes

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