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En librairie

Transformation de conflit, de Karine Gatelier, Claske Dijkema et Herrick Mouafo

Aux Éditions Charles Léopold Mayer (ECLM)

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, Paris, 2005

Transition politique au Costa Rica

Analyse de la stratégie mise en oeuvre lors de la transition politique au Costa Rica.

Mots clefs : Autorité politique | Militaires | Parti politique | Rechercher et accepter le compromis | Costa-Rica

I. L’après guerre et le gouvernement de Figueres

Les affrontements de 1948 s’étalèrent sur cinq semaines et se soldèrent par la victoire de l’opposition et donc de la coalition cortesiste-démocrate. Mais lorsque les réformistes sont entrés victorieux dans la ville de San José, ils ont instantanément voulu ignorer la légitimité du candidat qui avait gagné les élections de 1948, don Otilio Ulate. Figueres déclara : « Se equivocan si se creen que vengo a darle la presidencia a Otilio Ulate, ni a ningún político corrupto. Yo vengo a transformar este país. (1)"

Dans la foulée des événements de 1948, Figueres proclame la seconde République et {{une junte militaire est mise en place, pour une durée de dix-huit mois, afin de diriger le pays et de rétablir la sécurité.}}

C’est ainsi que Figueres, avec le soutien des militaires, procéda à une vague de répression et de manipulation de l’ensemble des groupes et secteurs du pays. Tous les ouvriers, employés de la fonction publique, enseignants et intellectuels qui avaient appuyé les politiques de législation sociale, syndicalisation et distribution du revenu à l’époque du calderonisme ont été réprimés, voire assassinés.

La loi martiale fut proclamée et Figueres procéda à des expropriations, à l’interdiction de certains partis politiques, journaux ou émissions de radio, et enfin à diverses nationalisations forcées.

Mais si le gouvernement de fait a pu faire tout ce qu’il voulut à l’encontre de ses adversaires de guerre, il est allé encore plus loin en se retournant contre ses compagnons de guerre : l’oligarchie costaricienne. En effet, avec les décrets de nationalisation des banques et l’instauration d’un impôt de 10 % sur les revenus de plus de 50 000 « colones », la junte attaque ouvertement l’oligarchie directement touchée par ces mesures.

Par ailleurs, avec le projet de la junte d’élaborer une nouvelle Constitution, le « rêve » de centraliser la majorité des pouvoirs au sein de l’Etat afin de permettre à ce dernier d’intervenir directement dans le domaine économique et social du pays, se concrétise enfin.

Mais le secteur oligarchique retira son soutien politique au Parti social démocrate. La junte paya donc le prix fort de son erreur tactique et elle ne put compter sur le soutien populaire, contrôlé par l’oligarchie.

II. Le compromis et la présidence d’Otilio Ulate

Le problème qui se posait alors, était que :

  • ni l’ulatisme, qui bénéficiait du soutien populaire mais qui ne contrôlait pas les armes) ;

  • ni le figuerisme, qui lui, contrôlait les armes mais ne pouvait pas compter sur le soutien populaire,

n’étaient à même de s’emparer du pouvoir par la force et de le conserver durablement : ils n’eurent donc d’autre choix que de parvenir à un compromis.

C’est pour cette raison que la junte décide finalement de faire un pacte avec l’ulatisme et de lui céder le pouvoir à condition :

  • que soit abolie l’institution militaire (instrument qui aurait pu servir à Ulate pour se maintenir au pouvoir éternellement) ;

  • que la législation sociale soit maintenue (condition destinée à s’assurer l’appui futur de la classe ouvrière, et qui lui permettra de crier haut et fort que la junte qu’il a mis en place s’est battue pour la démocratie, et non pas contre la législation sociale comme l’avaient fait les tenants de l’ulatisme).

Notes :

(1) : Jacobo Schifter, Democracia en Costa Rica, cinco opiniones polémicas, San José, Editorial Universidad Estatal a Distancia, 1978, p.206 : « Vous faites erreur si vous croyez que je viens confier la présidence à Otilio Ulate, ou à quelqu’autre politicien corrompu. Je suis là pour transformer ce pays ».