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, Paris, 2005

La construction d’une paix durable exige la protection de l’environnement

Il est aujourd’hui nécessaire de coordonner les actions écologiques des pays au niveau de la communauté internationale afin de prendre en compte le problème dans son ensemble.

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I. Les peuples doivent disposer de leurs ressources naturelles

La gestion et l’exploitation des ressources naturelles mondiales est un facteur de guerre et de crispation des peuples. L’accaparement par des compagnies internationales des ressources naturelles détenues par des pays pauvres est toujours une récrimination légitime des populations. C’est ainsi que les pays fondateurs de l’OPEP ont entrepris la démarche de nationaliser les ressources pétrolières afin d’en distribuer les dividendes à la population locale.

Mais si ce schéma est largement répandu au niveau du pétrole, il l’est beaucoup moins en ce qui concerne les autres ressources naturelles : les Palestiniens entretiennent un grief durable contre Israël à propos de la gestion des ressources en eau ; les Boliviens s’élèvent régulièrement contre la privatisation de leurs ressources gazières au profit du Chili. Dans ces deux exemples, le différend entre deux pays ne porte pas uniquement sur le problème des ressources naturelles, mais c’est un dossier envenimant les démarches de paix. De même, il est indubitable que la question de la gestion pétrolière sera centrale dans les hypothétiques négociations portant sur un retrait des troupes américaines en Irak, puisque c’est ce même pétrole qui a entraîné l’entrée en guerre des États-Unis (comme le démontrent par exemple les liens unissant l’industrie pétrolière et la Maison Blanche, Dick Cheney et Halliburton).

L’exploitation des ressources naturelles quelles qu’elles soient (eau, énergies fossiles, minerais) permet de tirer des profits aptes à redresser l’économie des pays exploités. Le « manque à gagner » est alors ressenti difficilement lorsqu’ils en sont dépossédés. Mais au-delà des questions économiques associées aux ressources naturelles, il est devenu nécessaire d’envisager leur exploitation dans une optique durable.

II. Les ressources naturelles appartiennent à la terre

Les ressources naturelles sont limitées mais nécessaires. Or, leur exploitation et leur utilisation pléthoriques posent de graves problèmes écologiques. Les rejets de CO² participant au réchauffement climatique, les déchets radioactifs produits par le nucléaire civil, la pollution des milieux marins, la déforestation à outrance sont autant de conséquences néfastes de l’exploitation des ressources naturelles. Cette dynamique d’exploitation inconsidérée des ressources naturelles, de manière immédiate pour répondre aux incitations de l’économie, ne va pas sans poser de graves questions sur l’avenir à long terme de la planète et de l’humanité qui la peuple.

Au-delà des conflits économiques centrés autour des ressources naturelles, on devrait voir prochainement émerger un nouveau type de conflit, portant sur la question de la pollution et de la viabilité dans certaines régions. L’attribution du prix Nobel de la paix au commissariat à l’Energie atomique pour sa gestion de la question des déchets nucléaires refusant le principe de l’instauration « d’états poubelles » signe bien la perception qu’a le jury Suédois du risque de guerres liées à la question de la pollution.

C’est pourquoi il est nécessaire de coordonner les actions écologiques des pays au niveau de la communauté internationale afin de prendre en compte le problème dans son ensemble. C’est dans ce sens que le protocole de Kyoto est intervenu.

Attention à ne pas interdire aux pauvres ce que les riches ont fait en leur temps.

Toutefois, le contrôle de la pollution et la préservation des ressources naturelles de la planète ne doivent pas se résumer à moraliser les pays pauvres sur ce sujet. En effet, les procédures globales tentant de remplir des objectifs planétaires aboutissent souvent à incriminer les pays en voie de développement pour leur consommation abusive d’énergie. Or, c’est précisément sur ce modèle de développement que s’est basée la croissance des pays riches, et il serait malvenu de faire porter les conséquences de ces émissions aux nouveaux arrivants.

Le défi portera pourtant sur cet aspect du problème, lorsque l’on sait que l’équipement automobile de la Chine est actuellement d’un à deux véhicules pour 100 habitants, et que l’Inde profite de sa relative prospérité pour s’équiper en matériels à forte consommation énergétique.

Il importe dans un premier temps de moraliser les pays riches, en instaurant des modèles de développement économique respectueux de l’environnement. Il faudrait par exemple que les États-Unis respectent le protocole de Kyoto, et que les populations des pays favorisés fassent un effort commun. Il sera alors temps de faire la leçon aux pays plus pauvres.